Publiée depuis 1948, la revue International Social Security Review (ISSR) est la plus importante publication trimestrielle internationale en matière de sécurité sociale dans le monde.
D’après les caractéristiques sociodémographiques des coursiers qui travaillent sur des plateformes numériques au Mexique, plus de 85 pour cent d’entre eux ont terminé l’enseignement secondaire à temps plein et 83 pour cent sont jeunes (âgés de 14 à 44 ans). Toutefois, seuls 25 pour cent d’entre eux sont couverts pour les services de santé et les prestations de sécurité sociale. Sur cette toile de fond, et grâce aux expériences menées à l’internationale, nous formulons une proposition permettant d’offrir à ces travailleurs un ensemble personnalisé de prestations de sécurité sociale. Elle énumère les exigences suivantes: les coursiers travaillant sur des plateformes numériques doivent être considérés comme des «travailleurs numériques», un régime spécial doit être créé pour ces travailleurs et fonctionner sur une base volontaire, et un portefeuille précis de prestations doit leur être proposé.
La plupart des juridictions accordent un traitement différent et plus avantageux – en général sous la forme de retraite anticipée, mais aussi bien souvent via des régimes de pension spéciaux – aux travailleurs exerçant des métiers pénibles ou dangereux. Plusieurs explications motivent ce traitement: i) indemnisation du travailleur pour la pénibilité, ii) protection du travailleur face au danger, et iii) application du principe d’égalité dans la répartition des coûts et des prestations au sein du système de sécurité sociale. Cet article analyse ces fonctions d’un point de vue socio-économique et précise en quoi la retraite anticipée des travailleurs exerçant des métiers pénibles et dangereux s’avère nécessaire pour garantir l’égalité en traitant «les inégaux inégalement» et selon les inégalités qu’ils vivent. Il présente en outre une formule précise servant à calculer à partir de quel âge un travailleur devrait pouvoir prendre sa retraite afin que les travailleurs des secteurs professionnels à l’espérance de vie plus faible ne reçoivent pas systématiquement des prestations du système de pensions moins élevées, alors qu’ils ont cotisé le même montant. Les implications sur la structure et l’attractivité des prestations spéciales de pension font l’objet de discussions.
Étant donné que la fourniture et le financement des soins de longue durée constituent des thématiques de plus en plus importantes dans l’ensemble des économies vieillissantes, les responsables politiques sont confrontés à un défi majeur: atteindre un équilibre entre des soins adaptés et un financement viable. Dans cette étude, nous examinons la proposition d’un prétendu facteur de viabilité pour l’assurance allemande des soins de longue durée. Au vu de l’évolution du ratio bénéficiaires/cotisants, cette proposition entend transposer des règles dans la prise en compte des dynamiques démographiques, en vue de réduire les pressions exercées sur le financement des soins de longue durée. À l’aide du cadre de comptabilité générationnelle, nous révélons que cette proposition pourrait soulager les finances, en fonction de la part d’implication des générations actuelles et futures, et inclure aux quatre coins du monde des systèmes d’assurance par répartition des soins de longue durée, qui doivent freiner l’impact des sociétés vieillissantes. Cet article s’adresse dès lors aux responsables politiques chargés d’élaborer un modèle de financement viable pour l’assurance des soins de longue durée. Il démontre que le facteur de viabilité constitue une première mesure en faveur de finances viables et, ainsi, pourrait faire partie intégrante d’un ensemble plus complet de réformes.
Après une décennie d’austérité sans précédent, la Grèce a brusquement repensé sa manière de renforcer son système de pension en 2022 et adopté le financement controversé des pensions personnalisées. Ce dispositif implique qu’une part des cotisations au régime par répartition serve au financement des épargnes-retraites des personnes, ce qui, en conséquence, altère le financement des pensions actuelles du régime par répartition. Quoiqu’inspirée du plan de privatisation des retraites de 1994 de la Banque mondiale, la réforme grecque de 2022 marque un revirement politique majeur, en ce qu’elle confie la gestion des épargnes-retraites des personnes à un organisme gouvernemental dédié, apparemment pour tenter de gommer les défaillances du marché quant à la fourniture des pensions privées. À l’instar des nombreuses réformes adoptées par le passé en Europe de l’Est, les coûts liés à la transition vers ce financement personnalisé, qui mettra plusieurs décennies à prendre forme, ont été largement sous-estimés en Grèce. Cette sous-évaluation donnera lieu à des difficultés budgétaires au cours des prochaines années, alors que les coûts annuels de la transition grimpent et que les conditions favorables des financements internationaux commencent à subir des changements. À moins d’un fort engagement politique permettant d’adopter les mesures nécessaires pour supporter les frais de la transition, la Grèce pourrait devoir abandonner sa réforme, comme nous en avons déjà été témoins dans toute l’Europe de l’Est.
Le Ghana et le Nigéria ont depuis peu rejoint le groupe des pays qui ont intégréà leur régime de sécurité sociale des programmes de pension par capitalisation à cotisations définies. Les analyses menées ces dernières années sur les réformes des pensions ont toujours porté sur les pays à revenu moyen d'Amérique latine et d'Europe centrale et orientale, ainsi que sur les Etats membres de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques, et partant ont minoré les réformes entreprises récemment dans les pays d'Afrique subsaharienne. Le présent article examine le passage, total pour le Nigéria, partiel pour le Ghana, à un programme de pension à cotisations définies et met en évidence un certain nombre d'éléments contextuels et conjoncturels qui remettent en cause la possibilité de résoudre la question de l'adéquation des prestations en Afrique subsaharienne par le biais des régimes à cotisations définies.
Dans les années 1990, suivant en cela l'exemple du Chili, plusieurs pays d'Amérique latine et d'autres pays ont réformé leur régime de retraite, en s'inspirant des modèles par capitalisation sous gestion privée. Bien que certains aspects de ces réformes se soient révélés positifs, ces régimes ne procurent pas un revenu suffisant pour de nombreux bénéficiaires. Le développement des régimes de retraite liés à l'emploi peut offrir à cet égard une solution complémentaire, contribuant à améliorer le niveau des pensions. Cet article traite des différents régimes de retraite complémentaires et s'attache en particulier au cas de la République dominicaine. Selon les auteurs, la mise en place de régimes de retraite complémentaires liés à l'emploi pourrait constituer une option viable dans ce pays en développement.
Cet article examine les processus, les résultats et les implications d'une évaluation de faisabilité financière d'une assurance sociale maladie (ASM), dans le cadre de la recherche par le Lesotho des moyens d'atteindre une couverture universelle en matière de soins de santé. Des données quantitatives fournies par les pouvoirs publics et d'autres sources, et des données qualitatives résultant de discussions avec les parties prenantes, ont été entrées dans SimIns, un logiciel de simulation d'assurance maladie. Avec ce dernier, on a ensuite projeté les recettes et les dépenses de l'ASM pour une période de onze ans. En principe, l'évaluation révèle que, par le biais d'une combinaison de financement fiscal et de cotisations sociales, tous les citoyens du Lesotho pourraient être couverts pour un ensemble de prestations sanitaires définies dans le cadre des hypothèses directrices déterminées. Ce dispositif de financement fournirait une protection du risque financier et renforcerait l'équité dans l'accès et le financement de la santé.
Le présent article analyse les performances macrofinancières initiales des mesures de «privatisation» partielle des systèmes de retraite — reposant sur la création de comptes d'épargne retraite individuels gérés par le secteur privé— mises en œuvre dans bon nombre de pays émergents d'Europe. Les données empiriques portant sur une période de près de dix ans montrent que le rendement des comptes d'épargne retraite individuels privés a été inférieur au taux de rendement implicite des régimes financés par répartition. Parmi les principaux facteurs qui expliquent que les performances des comptes d'épargne retraite individuels n'aient pas étéà la hauteur des attentes figurent le niveau élevé des coûts de fonctionnement et le caractère peu développé des marchés financiers. Il ressort des éléments empiriques disponibles que la Serbie aurait intérêt à donner la prioritéà des réformes paramétriques du régime par répartition et à renoncer aux réformes impliquant une «privatisation» partielle du système de retraite.
Le présent article porte sur les micropensions dont, sans être les seules, les institutions de microfinance (IMF) sont les principaux promoteurs. Il tente ainsi de combler une lacune de la littérature sur la sécurité sociale en Inde. L'analyse montre que, du fait qu'elles ciblent un public hétérogène, les micropensions doivent être volontaires et portables et que diverses solutions pourraient être testées tant en ce qui concerne leur conception que leur distribution. C'est pourquoi les régimes de micropension décentralisés, fonctionnant dans le cadre d'une réglementation adaptée et dans le respect du principe de bonne gouvernance, semblent plus adaptés au contexte indien que des régimes centralisés et plus rigides. Cet article présente ensuite brièvement deux études de cas portant sur des régimes de micropension récemment mis en place en Inde. Il montre la nécessité de réaliser des analyses rigoureuses sur le secteur des micropensions, notamment en ce qui concerne les modes de sortie et la mise au point de mécanismes de distribution innovants. Il conclut que les micropensions pourraient constituer l'une des composantes les plus utiles du système de sécurité sociale à plusieurs piliers de l'Inde et qu'il convient de les promouvoir.
Cet article étudie les obstacles à la libre participation des travailleurs informels au sein du régime national d’assurance du Kenya: la Caisse nationale pour soins hospitaliers. Sur la base des données primaires recueillies à l’aide de méthodes tant qualitatives que quantitatives, nous sommes parvenus à la conclusion que les principaux facteurs déterminant l’adhésion englobent des aspects sociaux comme le statut marital, qui sous-tend la demande d’assurance, et le rôle des associations des travailleurs informels, qui encouragent l’adhésion volontaire à l’assurance maladie et luttent contre les non-paiements en offrant une aide aux cotisations. Les obstacles à la participation et les raisons de cette inactivité trouvent leur origine dans la nature même du travail informel, qui se caractérise par des revenus irréguliers – et l’appréhension de devoir s’acquitter de pénalités en cas de retard dans le paiement des primes –, des niveaux de compréhension insuffisants des régimes d’assurance maladie et des contraintes institutionnelles telles que la complexité des procédures d’enregistrement, le coût des primes et la qualité médiocre des services. Tous ces facteurs dissuadent les travailleurs à s’inscrire aux régimes ou à les rejoindre à nouveau en cas d’adhésion échue. C’est pourquoi les régimes d’assurance maladie comme la Caisse nationale pour soins hospitaliers du Kenya doivent sensibiliser les travailleurs informels à la question des services et protocoles d’assurance et améliorer les services en vue de stimuler l’adhésion et de réduire le nombre de non-paiements.